Le danger du rêve..

En cette fin d’année, comme c’est de coutume, il nous arrive parfois de nous mettre à faire le bilan de ce que l’on aime dans notre vie, et de rêver à ce que l’on aimerait qu’elle soit. On croit alors que ce qui nous empêche de faire de nos rêves une réalité c’est la vie, nos mauvais choix, la fatalité. Alors on ne se laisse plus rêver.

On croit aussi que c’est une incapacité originelle, que les autres savent mieux ou plus, qu’ils ont eu des opportunités que l’on a pas eu. On a peur de souffrir. Et la fatalité est confortable, à condition bien sûr que l’on soit capable d’y adhérer vraiment. Certains ne sont pas capable de coller à ca et une petite voix intérieure ne cesse de leur répéter « vas-y ».

Bien sur tout dépend du rêve, tout ne nous est pas accessible et rien n’est simple. On a tous des limites non contournables, comme cette histoire de vision pour être pilote de ligne. Alors oui, on pourrait dire que le premier renoncement commence quand on décide de rêver à quelque chose qui pourrait vraiment arriver. Attention rêvons en grand, ne nous limitons pas pour autant, même si ça parait impossible car tellement loin. Comme dirait Walt Disney « Si tu peux le rêver, tu peux le faire » ou encore William Arthur Ward « Si vous pouvez l’imaginer, vous pouvez y arriver. Si vous pouvez y rêver, vous pouvez le devenir ». Atteindre cette capacité à rêver sa vie c’est génial, c’est le début de tout. Mais il reste encore la plus grosse épreuve, celle dont on ne se méfie pas.

Une fois qu’on identifie ses pensées limitantes, ses obstacles personnels, ses peurs de toutes natures … et qu’on arrive à régler tout ça (oui ça peut être long) pour avancer, ou en tout cas que ça ne nous arrête plus, et que l’on pense alors que tout nous est possible : On arrive devant la ligne de départ. Tout est prêt, on tient notre rêve de tout notre coeur.

Mais c’est là qu’il y a la queue, ici, sur cette ligne de départ de toute réalisation. Le nombre de rêveurs coincés là est impressionnant. Parce que le départ, c’est l’étape la plus dure. On croyait avoir tout affronté pour prendre la décision de poursuivre nos rêves, alors on se croit à l’abri. Mais c’est justement à l’instant où on se lance pour le réaliser qu’il faut l’abandonner. Laisser ici notre rêve et partir avec notre projet. C’est dur d’abandonner son rêve. On doit se battre pour lui, et quand on y est, le laisser partir. Un projet c’est moins bling bling. C’est plus incertain, un projet. Et pourtant il faut se battre aussi fort, ne pas laisser revenir ses peurs. Un projet c’est jamais le bon moment, pas la situation idéale. C’est très concret, quotidien, c’est moins joli. Même un peu flou sur ce qui était clair dans notre rêve, il faut se concentrer pour ne pas perdre de vue les intentions, et au contraire tout ce qui n’existait pas dans le rêve apparait, comme la routine contraignante de toute chose. Mais surtout : c’est le renoncement de tout ce que notre projet ne sera pas dans la réalité. Ou du moins pas tout de suite. Comme dans les videos expectation vs reality sur youtube. Et il faut le regarder en face… maintenant qu’il est là avec toute sa vérité, toute son existence propre, est-ce qu’il nous plait toujours autant ?? Est-on toujours aussi prêts à s’investir à fond ?

Il est l’heure maintenant, l’heure de laisser ce rêve, ta dernière limite, et d’être ouvert à ce que la vie va t’apporter. Les leçons à apprendre, la richesse d’expérience, l’aventure à vivre. Se lancer dans un projet c’est accepter qu’il ne sera pas comme on l’imagine. Un projet qui te fera douter comme jamais, un projet qui n’étanchera pas une soif de perfection ou d’esthétisme de vie si tu regardes trop près. Pourtant il faudra encaisser l’envie ou le mépris de ceux qui le regarderont de loin et le jugeront. Comme un amour, il te demandera de tout donner et d’y croire sans limite. Mais il te rendra heureux. Et tu aimeras ses aspérités. Tu le connaitras pour ce qu’il est vraiment, pas comme tu l’avais imaginé, mais tellement passionnant. Et tu l’aimeras.

Les bilans seront alors seulement le moment où tu regarderas le chemin parcouru jusque là avec un sourire doux et les yeux qui brillent. Quand tu repenseras à ton rêve, tu n’hésiteras pas à le travailler avec ton oeil affuté, et tu le poseras là où ça te plait comme une intention. Non plus comme un obstacle, souvent il n’y a que les jeunes rêves irréalisés qui en sont un. Et quand ton coeur se prendra à rêver de nouveau, tu diras « allez, pourquoi pas ? ».

Celui dont l’âme est heureuse ne ressent pas le poids des ans. Platon

Photo de mon Carnet de Voyage – Ecosse – 2016

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